Si, en invitant cette saison l’AtelierCité du ThéâtredelaCité de Toulouse, le Théâtre Gérard Philipe répond à l’une de ses missions, celle de favoriser l’insertion professionnelle des jeunes artistes, il le fait avec un enthousiasme qui dépasse la satisfaction du devoir accompli.
À l’époque où celui-ci s’appelait l’Atelier volant, l’AtelierCité fut un vivier dans lequel Jean Bellorini puisa avec bonheur. Lors d’un stage, il créa avec quatre jeunes comédiens en formation Un fils de notre temps d’Ödön von Horváth, qui donna lieu par la suite à quelque cent-vingt représentations dans toute la France. La saison dernière, les mêmes acteurs ont présenté Onéguine d’après le roman en vers d’Alexandre Pouchkine. L’histoire est belle, les liens avec Toulouse sont demeurés et c’est naturellement qu’ils permettent la découverte de cet étonnant Des cadavres qui respirent.
Sept jeunes acteurs donc, pour endosser les personnages d’Emma, Jim, Tom, Kate, Elaine, Ben et Charlie, Anglais de la middle-class, apparemment sans histoires. C’est sans compter la fantaisie un brin cruelle de l’autrice, Laura Wade, qui a reçu pour cette comédie noire jamais jouée en France de nombreux prix dans son pays natal. Il s’agit d’une pièce à tiroirs où chaque scène s’emboîte dans la précédente, par le motif récurrent de la découverte d’un cadavre.
Englués dans un quotidien où l’ennui règne, nos héros ordinaires voient leur monde exploser, leurs repères s’effacer, leurs proches perdre la tête. Petites et grandes souffrances s’entrechoquent. La mort, omniprésente, ne montre jamais le même visage. Elle est tour à tour grotesque, pitoyable ou cruelle. On suit avec un plaisir sournois ce jeu de piste au suspense tranchant.