Écrit entre 1906 et 1922, À la recherche du temps perdu est un récit-fleuve de souvenirs, de l’enfance à l’âge adulte du narrateur, et, en filigrane, une intense réflexion sur la vie. Œuvre sur la mémoire et le temps, portée par un style unique – une langue ciselée, savante et pourtant limpide –, elle conjugue l’introspection minutieuse d’une conscience et d’un cœur à l’observation acérée d’une société humaine à l’orée des bouleversements du XXe siècle.
Des quelque trois mille pages qui la composent, Jean Bellorini et Camille de La Guillonnière conservent les passages de l’enfance de l’auteur auprès de sa mère tant aimée et mettent en lumière la relation tendre et profonde avec la grand-mère, jusqu’à la mort de cette dernière. Ces deux femmes sont les figures protectrices et aimantes qui encouragent un petit garçon hypersensible dans son éveil à la vie et dans sa lutte contre un asthme sévère et des angoisses existentielles. Devenu homme, il les accompagnera à son tour dans l’épreuve de la maladie et de la mort.
Ce faisant, il procède à une analyse fine des mécanismes du deuil, de la distorsion temporelle entre le choc et sa conscientisation. Lorsqu’il décrit cet instant, surgi au hasard d’un geste banal, il est traversé par un bouleversement douloureux de l’âme. Et c’est sans doute parce qu’il veut conserver vivace cette sensation, parce qu’il veut conjurer l’inéluctable affadissement du souvenir, qu’il fige dans les mots ce « fragment d’existence soustrait au temps ». Écrire pour demeurer vivant.
Le duo entre Hélène Patarot, complice de Peter Brook, et Camille de La Guillonnière, acteur fétiche de Jean Bellorini, recèle de belles promesses. La délicatesse et la profondeur de leur jeu ne se départissent jamais d’humour.