Le programme | 2007-2008 2006 - 2007 2005 - 2006 2004 - 2005 2003 - 2004 2002 - 2003 janvier - juin 2002 |
Anéantis de Sarah Kane traduction française Lucien Marchal (L'Arche Éditeur) mise en scène et scénographie Daniel Jeanneteau du 18 mars au 17 avril 2005 du mercredi au samedi à 20h30 - mardi à 19h30 dimanche à 16h - relâche le lundi |
"J'ai été stupéfaite de ces clameurs d'épouvante qui ont éclaté à propos de mes pièces, parce qu'en fin de compte il ne s'agit pas de brutalité ou de cruauté. Elles sont là, sans plus, quand on écrit et qu'en dépit de toute la violence qui existe, on veut continuer d'aimer et d'espérer." |
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Son uvre, définitivement close en cinq textes exigeants et beaux, est un cadeau d'amour, pour reprendre la formule de Bruno Bettelheim à propos des contes de fées. C'est à dire que, aimante, elle nous risque à la plus radicale des expériences, non par haine ou par goût du sang, mais parce que l'humain se définit précisément par son besoin et sa capacité de se confronter au pire.
La lecture il y a quelques années de L'Espèce humaine de Robert Antelme m'a révélé cela: loin de m'affliger, de m'atteindre en m'enlevant des forces, le regard qu'Antelme porte sur son expérience dans les camps de concentration, échappant à la fatalité de l'état de victime et envisageant l'humain dans son unité indivisible, restaure, étrangement, une forme de confiance que je pensais avoir perdue. Il y a là, dans l'expérience même du désastre, comme un rappel à l'humain. Nous devons parfois descendre en enfer par l'imagination pour éviter d'y aller dans la réalité disait Sarah Kane. De même Andersen prend les enfants par la main de leur imagination pour les amener à vivre les pires choses, dans la parenthèse du conte. Hölderlin disait du poète qu'il saisit de sa main le terrible, l'éclair lui-même, pour le tendre aux foules sous son voile de chant. Anéantis, comme l'ensemble de l'uvre de Sarah Kane, est un poème et un conte. Complexe, douloureux, charriant des blocs de réalité opaques, mais avant tout un poème. Pas un simulacre, mais la réalité rejointe par les figures de l'art. Les scènes, les gestes n'y sont pas documentaires, mais images, et, comme images, agissantes, suscitant la réalité par d'autres moyens que ceux de l'imitation. "Je pense vraiment que les germes d'une guerre de grande ampleur se trouvent toujours dans la civilisation en temps de paix", disait Sarah Kane. L'unité de lieu dans Anéantis évoque l'idée d'un simple mur de papier qui séparerait la sécurité et la civilisation de l'Occident tranquille de la violence et du chaos de la guerre civile. Un mur qui peut être déchiré, sans prévenir, à tout moment. Sarah Kane a écrit sa pièce en 1993, depuis nous apprenons chaque jour que ce qu'elle avait pressenti travaille la société profondément et la modifie." Daniel Jeanneteau
mise en scène et scénographie Daniel Jeanneteau collaboration artistique et lumière Marie-Christine Soma assistante à la mise en scène Aurélia Guillet costumes Ann Williams son Yves Coméliau régie générale Richard Pierre avec
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