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équipe technique en tournée : régisseur plateau
et régisseur général Félix Dorsaz ·
régisseur lumière Philippe Oberson · régisseur
son Boris Alexandrov
production Rezo Gabriadze's company "Silk Carpet Ltd",
Théâtre Vidy-Lausanne E.T.E. (www.vidy.ch)
L'oiseau Boris, philosophe facétieux, ment comme un arracheur
de dents et vole tout ce qui lui tombe sous le bec. Voletant à
droite à gauche au-dessus des ruines - car la guerre vient à
peine de se terminer - il séduit en chantant un ange sculpté
au fronton d'une banque qu'il dévalise. Voilà qu'il raconte
à Mamie Domna, veuve inconsolable et ruinée, qu'un magot
tombé du ciel a été soufflé par le vent
et placé entre ses pattes. Plein aux as, l'oiseau Boris survole
les villes de Géorgie et mène une vie de noceur noctambule
; il goûte aux plaisirs de la chair et se noie dans le champagne
pour oublier Ninelli, ravissante collégienne dont il est amoureux
fou mais qui ne veut pas de cet oiseau-là. Quoi qu'il en soit,
il la trompe avec Vivian Leigh, allant jusqu'à déchirer
de son bec l'écran sur lequel est projetée l'image aimée
!
Rien ne peut atténuer l'increvable vitalité de Boris.
Il en a vu d'autres, il en verra encore et encore. Rien ne l'arrête,
pas même la mort, puisqu'il se retrouve au paradis avec ses amis,
fêtant joyeusement l'éternité accordée.
À travers ce monde, L'Automne de mon Printemps est aussi une
chronique poétique et loufoque de " l'après "Union
Soviétique, car l'oiseau Boris ne poursuit pas seulement une
dulcinée évanescente : il traverse une époque dont
il est la mémoire bavarde et fantasque.
Rezo Gabriadzé est géorgien. Il est né au
pays de la Toison d'or et de la reine Tamara. C'est certainement ce
qui a fait de lui un poète et un artiste.
Longtemps, il a travaillé pour le cinéma. Après
avoir renoncé à la littérature - "dans ma
lointaine jeunesse un homme m'avait expliqué qu'il fallait une
certaine quantité d'hectares de bois pour imprimer une histoire,
même pour exprimer une histoire totalement mauvaise..." -,
il se met à la peinture. Mais il continue à chercher sa
voie.
Il songe ensuite au théâtre - "Où aller, peut-être
au théâtre ? pensais-je avec tristesse. Non, le théâtre
est un lieu bruyant, pas moins passionné et encombré que
le cinéma. Non, le théâtre n'est pas pour moi..."
"...Tout à coup, une petite marionnette que je vis quand
j'étais jeune me vint à l'esprit. Avec ses petites mains
mignonnes, elle désignait un volume de Kleist, où je lus
un article brillant sur les marionnettes... "
Depuis, il leur consacre sa vie et son art. En 1981, il a ouvert à
Tbilissi "son" théâtre, un théâtre
studio de 48 places. C'est sur cette petite scène que Rezo Gabriadzé
a réalisé la plupart de ses chefs-d'uvre : Alfred
et Violetta, Le diamant du maréchal de Fantré, La fille
de l'empereur Trapezonde.. Des spectacles qui ont très
vite franchi les frontières de la Géorgie et de l'Union
soviétique pour aller conquérir le monde entier.
On ne peut pas comprendre ce théâtre si on ne le situe
pas dans le contexte de sa Géorgie natale, ce petit pays avec
une culture très riche et très ancienne puisqu'elle date
de trois millénaires. C'est le pays des chants polyphoniques.
C'est le pays de la vigne et d'une certaine douceur de vivre. L'imaginaire
de Rezo Gabriadzé se nourrit des mythes et légendes de
la Colchide : "Enfant, la nuit, j'entendais la rivière que
remontaient les Argonautes. Je sens toujours l'odeur et le goût
de cette culture."
Comme le long et magnifique poème de Roustavéli, le théâtre
de Rezo Gabriadzé témoigne de la rencontre harmonieuse
entre l'Occident et l'Orient : "Mon théâtre n'a aucune
prétention, nous disait-il un jour. C'est en tout et pour tout
un petit oiseau dans la culture géorgienne qui chante sa chanson
à lui."
Extraits d'un article de Chantal Boiron
(avec son amicale autorisation)
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