Répété en 1979 dans une sorte d’insouciance, en seulement deux semaines et sans enjeu particulier, La Rose et la Hache est un bijou, un des spectacles les plus fameux du metteur en scène et de son complice de jeu, Ariel Garcia-Valdès. Quarante ans après la création, les deux artistes se retrouvent pour une ultime reprise, célébrant avec le public une longévité singulière dans un art par nature éphémère.
Inspiré de Richard III de William Shakespeare, mais dans la version dépouillée de tout contexte historique de l’Italien Carmelo Bene, La Rose et la Hache s’attache à la personnalité du monstre Richard et à son rapport aux femmes. Dans une magnifique scénographie, une longue table de bois recouverte de centaines de verres à pied remplis de vins aux robes variées, on est face à une vision, secrètement rétrospective, dont le protagoniste est à la fois le sujet et l’acteur halluciné. Enfermé dans la chambre mentale qu’est devenue la scène, il retraverse, instant après instant, son terrible passé. Cette suspension du temps confère au spectacle une sorte de densité toxique, charnelle et spectrale à la fois.