Partout où elle se trouvait, là était l'Eden.
C'est par ces mots d'Adam, sur la tombe de la première femme, que s'achève Le Journal d'Eve. Mark Twain imagine un Adam seul après la mort de sa compagne, dans une désolation qui s'apparente à une deuxième chute. Leur amour, exclusif, repoussait Dieu et l'idée même du Paradis et n'avait pas besoin d'autre refuge.
Twain écrivit Le Journal en 1906 deux ans après la mort de sa femme. Seul, peu avant sa propre mort, il compose alors ce texte court comme une petite chronique de la découverte et de l'étonnement, un chant d'amour à l'Éternel Féminin perdu.
Le Journal d'Ève est un exercice d'étonnement philosophique devant toutes choses, et particulièrement celles que l'on n'interroge plus tant elles paraissent évidentes. Le monde est observé par un personnage naïf et malin, une jeune femme adulte à la naissance, apparue déjà constituée au premier jour de sa vie, ne sachant rien encore, dotée d'entendement et ne se privant pas d'en faire usage.
Ce spectacle est un rêve concentrique autour de la figure et de la personne d'Andrée Tainsy. Elle a toujours été pour nous, comment l'expliquer, un visage possible d'Ève, ouverte et vivace, universelle. Quand on s'approche d'elle, quand on la rencontre, c'est la jeune fille qu'on voit, tout au fond de son âge, l'enfant curieuse qui ne se lasse pas de découvrir et de s'étonner.