On sait la part prépondérante prise par la Bohême dans la Contre-Réforme catholique. La ville de Prague en témoigne à l'envie, avec la foule de ses monuments si caractéristiques du style baroque. C'est à partir d'un manuscrit appartenant au monastère dominicain de Brno, que les frères Forman (fils de Milos, grand cinéaste s'il en est) ont justement conçu leur Opéra baroque à l'usage de marionnettes de trente-cinq centimètres de haut, tandis qu'apparaissent sur scène, à leurs côtés, leurs doubles humains que sont les manipulateurs, également comédiens et chanteurs, Matej, Milan et Petr, mais aussi d'autres figurines, plates ou à doigts. De l'auteur initial, Karel Loos, on ignore à peu près tout, sauf qu'il fut organiste chez les Jésuites de Prague et qu'il mourut en 1772.
L'histoire racontée par ce court opéra populaire se montre délicieusement simple. Des maçons ont construit de travers une petite cheminée avec de mauvais matériaux. À peine achevée, elle s'écroule. Les fautifs, plutôt malins, s'efforcent d'apaiser le courroux du client... La musique est belle, propice à maints instants poétiques ou philosophiques. Cela se joue dans et devant un castelet finement ouvragé - dû au graphiste et sculpteur sur bois Miroslav Trejtnar - parfaite imitation miniature d'une scène d'opéra dans la tradition. Les détails des coulisses et les peintures sont de la main du scénographe Jan Marek. Musique, chants et sons ont lieu en direct. La version d'origine, prévue pour un quatuor à cordes, a été arrangée par le compositeur Vitezlav Janda.
Cet Opéra baroque est un véritable bijou d'esprit.