Ann O’aro
Lors de l’édition 2016, Ann O’aro présentait son premier projet. Forte de son succès, elle revient cette année avec l’audace et la fougue qui lui sont propres.
La chanteuse aime le mouvement du corps, des rythmes et de la voix : « Je viens des arts martiaux et de la musique, avant de choisir le maloya, pour chanter sur des sujets intimes. » Son écriture est une fulmination poétique portée sur les tabous insulaires et les émotions fortes, la violence sexuelle, l’inceste et la passion amoureuse. Comme dans Kap Kap, une de ses chansons écrites en créole réunionnais, un fonnkér (« fond du coeur ») cru et cinglant qui décrit l’étreinte d’un père incestueux, et embrasse la folie et la violence d’une pulsion criminelle dans toute sa banale barbarie. Le chant d’Ann O’aro plonge dans la réalité et n’a pas peur des ombres.
Danyèl Waro
Longtemps occulté, le maloya a été relancé dans les années 1970 par les mouvements indépendantistes avant de renaître dans les années 1980. Danyèl Waro a permis au maloya de retrouver son sens originel et de porter un message de révolte, d’espoir et de courage en faisant prendre conscience à de nombreux Réunionnais de l’importance de leur patrimoine culturel. En créole, il dénonce les nouvelles formes de dépendance qui ligotent encore l’île à l’État français. Danyèl Waro cisèle ses mots avec le même soin, le même amour des choses bien faites qu’il met à peaufiner les instruments : le kayanm, un instrument plat fabriqué à partir de tiges de fleurs de canne et rempli de graines de safran sauvage, et le roulèr, gros tambour monté à partir d’une barrique de rhum sur laquelle est tendue une peau de boeuf.
Perpétuel insoumis, Danyèl Waro met en avant sa « batarsité ». Ni blanc ni noir, le Réunionnais est métissé : si la recherche de son origine le mène dans une impasse, l’addition de tous ces mélanges fait sa force.
Après son premier passage en 1993 au Théâtre Gérard Philipe, la collaboration entre le festival et cet artiste hors du commun ne s’est jamais arrêtée.