Erismena, fille née des amours secrètes d’Érimante, roi des Mèdes, aime Idraspe qui l’a abandonnée pour une autre, Aldimira, qui elle-même, courtisée par Érimante, soupire pour Erismena… Les uns travestissent leur nom, d’autres leur sexe, certains sont frère et soeur mais ne le savent pas, d’autres père et fille mais l’ignorent…
C’est sur cet argument audacieux que Francesco Cavalli composa en 1655 un opéra qui remporta à l’époque un grand succès, de Venise jusqu’en Angleterre. Loin des ouvrages mythologiques des décennies précédentes, Erismena est un opéra à hauteur des passions humaines, une fête folle des sentiments, une apologie de la liberté d’aimer sans contraintes.
Cette œuvre baroque, presque oubliée aujourd’hui, renaît de ses cendres grâce à la passion du chef argentin Leonardo García Alarcon, spécialiste de Cavalli. Il retrouve Jean Bellorini, avec qui il avait mis en musique La Dernière Nuit, il y a deux saisons, et L’Orfeo de Monteverdi lors de l’édition 2017 du Festival de Saint-Denis, dans la somptueuse Basilique des rois de France. Leur complicité et leur goût partagé pour la musique et le théâtre sont le gage d’une communion artistique qui répond aux canons de l’opéra baroque comme spectacle total. Sans amoindrir la recherche de l’émotion qui met en mouvement les personnages, les rend légers, vivants, vibrants.
Pour clore la saison, les deux plus grands festivals français d’art lyrique et de musique classique, Aix-en-Provence et Saint-Denis, joignent leurs forces à celles du TGP pour programmer deux représentations exceptionnelles de cet opéra.