Sylvia aime Arlequin, qui l’aime en retour. Mais le Prince tombe amoureux de Sylvia ; il l’enlève et l’enferme dans son palais.
Puis il envoie Flaminia à la conquête d’Arlequin. Les jeunes amants se laissent subjuguer par leurs nobles et riches séducteurs.
Dans leur double inconstance, ils se révèlent cruels et égoïstes.
Marivaux cisèle une heureuse issue, puisque les coeurs savent s’enflammer plusieurs fois…
Personne n’est réellement dupe. Sous le langage galant, la violence des rapports est exacerbée. Car ce que Marivaux ne cesse de dénoncer, c’est l’abus de pouvoir : des hommes sur les femmes, des riches sur les pauvres.
L’enjeu de ces joutes – amoureuses, sociales – est la possession des corps. La destruction est possible, souhaitée, voire fascinante pour les personnages. Il y a du Laclos, pour ne pas dire du Sade, chez Marivaux.
Pour autant, il ne s’agit pas pour Jean-Michel Rabeux de « verdir » particulièrement le propos. Il aborde cette nouvelle création avec l’intention de la rendre la plus accessible possible. Pas d’érotisation superflue, pas de provocation inutile, mais de la liberté ! L’ambiguïté des genres, la pudeur et l’impudeur, le travestissement seront présents, puisqu’ils sont inhérents à l’oeuvre du dramaturge. Les acteurs familiers de la compagnie joueront cette partition savante dans un décor onirique aux allures palatines, un labyrinthe d’escaliers dont on ne peut s’échapper.