Argan, mari tyrannisé, père abusif, se livre aveuglément aux médecins qui l’entretiennent dans un état maladif, entre fantasmes et névroses. Rendu à l’état végétatif, il ne voit d’espoir, pour sauvegarder sa santé, qu’en l’union de sa fille Angélique avec un homme de médecine. Son choix s’est porté sur Thomas Diafoirus, neveu dégénéré d’un charlatan. Angélique, éprise de Cléante qui lui fait la cour, travesti en maître de musique, refuse cette union que sa marâtre Béline encourage avec hypocrisie.
Ultime pièce de Molière qui meurt après la quatrième représentation, le 17 février 1673, alors qu’il interprète le rôle d’Argan, Le Malade imaginaire est l’une de ses oeuvres les plus abouties. Sous les attraits d’une comédie qui ose les archétypes de la farce – père obtus, amant masqué, soubrette rusée, mort feinte et quiproquo –, il s’agit aussi d’une sombre méditation sur la peur de la mort et la bêtise humaine. Au coeur du XVIIe siècle et de l’âge classique, le créateur du Misanthrope fait surgir l’analyse d’un comportement humain déréglé par nature, celui d’un hypocondriaque nourri d’obsessions, Narcisse réfléchi par le miroir de ses névroses.
On ne peut s’empêcher de voir derrière le personnage d’Argan l’auteur mourant. Le même thème, tragique dans la vie, devient comique sur la scène, et c’est avec son propre malheur que l’auteur choisit de faire rire. Pour cette brillante comédie-ballet, la troupe de la Comédie-Française reprend la mise en scène de Claude Stratz créée en 2001 et jouée régulièrement depuis avec succès.