« Je me suis lancé dans un défi que je ne peux pas réaliser tout seul. Il s’agit d’explorer un moment incroyablement riche du théâtre russe, la période qui va de 1900 à 1915, c’est-à-dire le moment où Stanislavski et Meyerhold affirment leur maîtrise et créent les bases du théâtre moderne. Cette maîtrise, ils l’affirment, le plus souvent, sur un répertoire contemporain, avec des auteurs qui les accompagnent, comme Anton Tchekhov, évidemment, mais aussi comme Maxim Gorki, Léonid Andréïev ou Alexandre Blok.
On connaît le théâtre de Tchekhov, on connaît (beaucoup moins) celui de Gorki, mais qui connaît Léonid Andréïev et qui connaît les pièces de Blok, pourtant indissociables de la naissance de la première manière de Meyerhold ? Le défi est pour moi de traduire, ou parfois de retraduire (quand la traduction existe mais qu’elle est très ancienne ou qu’elle me paraît réellement problématique), une trentaine de pièces, dont une bonne vingtaine est totalement inconnue.
Mais j’ai besoin de les entendre, parce qu’il m’est impossible de traduire tout seul – de traduire sans être confronté à la voix et aux questions des acteurs, sans être réinterrogé, pour chaque réplique, encore et encore. Après avoir inauguré ce travail à la Manufacture – Haute École des arts de la scène à Lausanne, j’ai proposé au TGP de poursuivre. Grâce à l’équipe du TGP, j’ai pu travailler avec de jeunes acteurs du Conservatoire national supérieur d’art dramatique, de l’école Claude Mathieu, et puis avec deux classes de lycéens d’Enghien-les-Bains et de Sarcelles. À chaque fois, l’expérience a été bouleversante. Tout en continuant la série sur d’autres textes, avec d’autres élèves, il nous a semblé nécessaire de proposer des lectures publiques des textes auxquels nous sommes parvenus ensemble. »
André Markowicz