De tout temps, l’infinité du désir féminin suscite chez les hommes des questions et des peurs. Dans Les Femmes savantes, c’est le désir de science qui conduit les femmes aux excès et les hommes au désarroi. Les lois qu’édicte la mère tyrannique Philaminte au nom du beau langage et du brillant esprit font chanceler la maison de Chrysale. On refuse à Henriette le mariage qu’elle souhaite faire avec un gentilhomme, faisant valoir que l’amour charnel est des plus monstrueux, et on s’extasie devant la beauté des vers escamotés par l’hypocrite et pédant Trissotin, mené dans cette famille par la cupidité. Parasite extérieur, il met en danger les bons soins dont profitent les impuissants mari, frère et amant pourtant bien installés. Quand son influence entraîne le congé de la cuisinière, c’en est trop : détourner la raison par des tours de grammaire ou briguer une dot, passe encore, mais s’attaquer aux assiettes, hors de question !
Comédie du ridicule et des manies, Les Femmes savantes oppose l’égoïsme et les frustrations de chacun en duos et duels. Chimères et stratagèmes se disputent l’arrangement des mariages et l’équilibre du confort bourgeois. Plus qu’une confrontation entre hommes et femmes, Macha Makeïeff lit dans la pièce que Molière écrit un an avant sa mort le refus renouvelé de tous les sectarismes et surtout la moquerie face aux esprits étroits. Se délectant de retrouver le verbe haut et fort de l’auteur classique, la directrice du théâtre national de La Criée à Marseille, fait appel à des acteurs virtuoses pour déployer, au cœur de la folie et de ses tourbillons, la ruse, la fiction, la musique et le rire : meilleures armes du théâtre.