Spectacle-lecture organisé par le cinéma l’ÉCRAN dans le cadre des 15es Journées cinématographiques dionysiennes : FEMMES FEMMES.
« Toutes ces lettres ont été écrites en prison, où Rosa est restée enfermée trois années, pour s’être opposée à la guerre de 14-18. Il y est peu question de politique ; ce sont plutôt des incitations à vivre, à rester bon “malgré tout et le reste”, à rester humain. La chose dite comme ça a l’air simple, mais nous savons bien qu’elle ne l’est pas. La vie rabote tellement... Mais Rosa était irréductible, et dans l’adversité rien de son regard ne s’est courbé. Au contraire, elle était l’humanité même (ces mots-là ne sont pas des mots). Jamais je n’ai vu de présence au monde plus libre et éclairée, zigzaguant des sciences à la littérature, de la morale aux animaux, des plantes à l’histoire, de la grande Histoire aux petites histoires, avec toujours de la chaleur. Elle n’était pas non plus en reste du côté des sentiments : avec un sens profond de l’amitié et de l’humour, elle n’a pas cessé de donner à ses proches, qui eux étaient en liberté, des raisons d’espérer et de rester joyeux. À se demander qui, d’elle ou des autres, était le plus emprisonné ?
Mais comment cette femme a pu rester si « allumée » au fond d’un cachot, et ouvrir sans arrêt les portes de la vie ? D’où lui venaient cet amour, ce tact, cette grandeur ? C’est ce mystère qui depuis des années m’aimante et me sidère, et que je vais essayer de partager avec vous. »
ANOUK GRINBERG